Fenêtres anciennes genevoises: de restaurations en rénovations

Fenêtres anciennes genevoises:
de restaurations en rénovations

L’entreprise Biedermann SA réalise de nombreux travaux liés à la restauration ou à la fabrication de menuiseries neuves mais de facture ancienne. Les bâtiments placés sous la protection du patrimoine passent devant la Commission des monuments et sites (CMNS) qui, après étude, fournit ses recommandations au propriétaire : que doit-il restaurer et que peut-il remplacer par des répliques à l’ancienne ? Rencontre avec Bernard Zumthor, responsable du service, et ses collaborateur/trice Carmen Alonso et Gil Chuat qui évoquent leur rôle dans la conservation du patrimoine.

Questions

En quoi consistent les actions de la CMNS ?
Dans chaque chantier, nous cherchons à conserver au maximum ce qui peut l’être, sachant que nous nous heurtons à la longévité des matériaux. Nous sommes un peu les gardiens d’une tradition et d’un savoir-faire. Pour cela, nous menons des recherches afin de retrouver des traces historiques de procédés architecturaux à Genève. Si nous prenons l’exemple des fenêtres, une gravure du XVIIIe siècle prouve l’usage d’une double fenêtre extérieure à cette époque, sur la façade d’un immeuble rue Calvin. Pour la restauration ou le remplacement de ce type de fenêtre, nous souhaitons que le propriétaire travaille avec des entreprises locales qui ont le savoir-faire et l’expérience de ces travaux bien spécifiques.

Pourquoi accordez-vous une importance toute particulière aux fenêtres ?
La fenêtre est l’élément essentiel d’une façade ! Elle participe à l’équilibre, à la composition architecturale : elle habille véritablement le mur et lui donne un rythme par ses petits bois et croisillons. Elle est donc bien plus qu’un « trou dans la façade » qui ne servirait qu’à apporter de la lumière. On trouve à Genève deux sortes de fenêtre : à guillotine et à vantaux. Les plus anciennes étaient fabriquées en noyer, puis en chêne et en sapin. Les différences architecturales sont sensibles d’un canton à l’autre, et même d’une ville à l’autre.

Qu’engendrent les exigences de l’homme moderne ?
Il est sûr que la manière dont vivaient nos grands-parents est bien différente de la nôtre ! Pour répondre aux normes phoniques et thermiques actuelles, nous proposons des solutions qui s’inscrivent de préférence dans la tradition : double fenêtre intérieure, « seconde peau » extérieure, ou encore survitrage. Il faut comprendre que les fenêtres modernes sont loin d’avoir toutes les qualités. Du fait de leur mode d’abattage, de séchage et leur conditionnement, les essences de bois sont moins stables qu’auparavant. D’autre part,
l’usage des joints peut entraîner une étanchéité trop importante – d’où certains problèmes de renouvellement d’air et d’hygrométrie dans les pièces. Le système traditionnel d’une double fenêtre (intérieure ou extérieure) allie confort thermique et phonique. Il permet une aération contrôlée tout en apportant une bonne protection contre les nuisances sonores, ce qui ne peut être le cas avec un vitrage unique. D’ailleurs, des architectes contemporains adoptent ce procédé de double écran sur des immeubles modernes : rue de Lyon, place du Bouchet…

Que dire de l’entretien sur les immeubles anciens ?
Ne pas entretenir son bien immobilier, c’est s’exposer à de gros travaux d’un seul coup. Les anciens le savaient puisque, tous les ans, ils remettaient de l’huile de lin sur les fenêtres, repeignaient les volets, etc. On a retrouvé des registres qui font état du travail à entreprendre aux différentes époques de l’année. Jusqu’en 1900, la main-d’œuvre ne coûtait rien mais les matériaux étaient chers. Aujourd’hui, on assiste au phénomène inverse. Et l’on a tendance à négliger l’entretien régulier au profit de travaux importants, rapprochés dans le temps et proportionnellement plus coûteux. Heureusement, les produits actuels de traitement du bois, lorsqu’ils sont appliqués correctement, donnent une garantie de tenue de l’ordre de cinq ans qui permet de réduire le travail.

Y a-t-il des subventions pour ces travaux sur bâtiments protégés ?
La police des constructions délivre les autorisations de construire pour les habitations courantes. Pour celles qui relèvent de la conservation du patrimoine, il faut faire une demande préalablement à l’ouverture de chantier. Les subventions ne concernent généralement que les éléments anciens conservés et restaurés. Le montant est calqué sur la subvention fédérale et varie en fonction du type de travaux entrepris.

Qui consulte vos services ?
Nous avons une mission d’information auprès d’un large public : propriétaires, architectes, maîtres d’œuvre, artisans… Comme nous traitons un grand nombre de dossiers, nous sommes en mesure de proposer des solutions très diverses, et toujours au cas par cas, en fonction de l’emplacement dans la ville et selon qu’il s’agisse d’un bureau, de logements, d’une école… Il n’y a jamais de réponse standard ! Chaque année, la Journée du patrimoine est pour nous l’occasion de faire découvrir aux Genevois la richesse de leur ville. Mais au quotidien, il suffit de lever les yeux sur toutes nos façades si variées : rue des Granges, rue de Saint-Léger, rue du Général Dufour…

Pour tout renseignement sur le CMNS, tél. +41(0)22 327 45 32